Samedi 19 décembre à 17h00
CinémAnima // « Calamity, une enfance de Martha Jane Cannary » (de Rémi Chayé) *
* sous réserve d’un déconfinement le 15 décembre
La prochaine séance de CinémAnima sera familiale avec la projection du film d’animation « Calamity, une enfance de Martha Jane Cannary » de Rémi Chayé. Un film à voir le samedi 19 décembre à 17h au cinéma l’Excelsior d’Abbazia, à partir de 6 ans.
Calamity, une enfance de Martha Jane Cannary (2020, 1h22)
Un film d’aventure/animation franco-danois réalisé par Rémi Chayé
1863, États-Unis d’Amérique. Dans un convoi qui progresse vers l’Ouest avec l’espoir d’une vie meilleure, le père de Martha Jane se blesse. C’est elle qui doit conduire le chariot familial et soigner les chevaux. L’apprentissage est rude et pourtant Martha Jane ne s’est jamais sentie aussi libre. Et comme c’est plus pratique pour faire du cheval, elle n’hésite pas à passer un pantalon. C’est l’audace de trop pour Abraham, le chef du convoi. Accusée de vol, Martha est obligée de fuir. Habillée en garçon, à la recherche des preuves de son innocence, elle découvre un monde en construction où sa personnalité unique va s’affirmer. Une aventure pleine de dangers et riche en rencontres qui, étape par étape, révélera la mythique Calamity Jane.
(Après l’Arctique de son premier long-métrage Tout en haut du monde, Rémi Chayé s’intéresse à la conquête de l’Ouest américain. Il s’attaque ainsi au mythe du western à travers une de ses figures emblématiques. Pour le dessin, il renoue avec son style impressionniste, sans traits de contour, avec des aplats de couleurs qui mettent en valeur les paysages de plaine, les lumières de feux de camp, et les herbes ondulantes.
Nous sommes donc en 1863 en Amérique, en pleine ruée vers l’or. Le film offre en premier lieu une véritable jubilation pour les yeux à la redécouverte sur grand écran de cet univers codifié, dans une nature luxuriante et colorée.
De plus, le récit évolue sur un rythme soutenu, sans temps morts, pour une aventure pleine de rebondissements, magnifiée par une partition musicale exemplaire de Florencia Di Concilio, qui mêle le banjo et l’orchestre. Ce voyage trépidant est vécu à la hauteur d’une jeune fille qui brave les dangers pour sa survie, et affronte les hommes qui mènent leur conquête de l’Ouest.
On assiste alors autant à la naissance d’un mythe, à la construction d’un personnage (de Martha à Calamity) qu’au récit d’une émancipation féminine. Tandis que les femmes sont réduites à un rôle assigné (laver le linge, faire la cuisine, assurer la cueillette, s’habiller en robe…), la jeune Martha doit prendre les rênes du troupeau familial après l’accident de son père. Petit à petit elle transgresse les règles établies. Elle opte pour l’allure et les vêtements d’un garçon dans un jeu de rôle alors très amusant. Elle ne prend pas totalement au sérieux son camouflage, comme pour appuyer l’absurdité de la situation. Frondeuse, téméraire, pleine d’audace, elle devient l’étendard d’un discours égalitaire. La voix de Salomé Boulven parvient merveilleusement à incarner ce fort caractère.
La grande force et habileté de ce film est sa double trajectoire qui rappelle celle des films de super-héros (se camoufler pour mieux s’affirmer) : la déconstruction des stéréotypes de genre à travers un travestissement engendre la naissance d’un personnage mythologique. Et Calamity se révèle avec panache). Par Benoît Basirico pour Bande à part.